Publié par Romain d'Allocab le Mardi 23 juin 2020
Suite à l’intervention d’Anne Hidalgo du 22 juin 2020 sur BFM Paris, voici une analyse précise de l’ensemble des propos tenus par la maire de Paris concernant la fermeture de la rue de Rivoli aux VTC, le principal axe est-ouest de la capitale.
Les taxis font partie du service public du transport […] Il faut bien sûr discuter avec les VTC, mais très clairement pour moi les chauffeurs de taxis, les taxis parisiens font vraiment parti du service public de transport, je les soutiens je les défends. […] je le dis clairement, je considère vraiment que les taxis sont un service public de transport.
Tout d’abord, il est bon de rappeler que les VTC aussi font partie du service public de transport appelé le T3P, comme l’indique le site du ministère de la transition écologique et solidaire “Taxi, VTC et véhicule motorisé à deux ou trois roues : transport public particulier de personnes”.
Ensuite, Anne Hidalgo évoque d’hypothétiques discussions avec les VTC, mais elles n’ont pas eu lieu. Les VTC auraient avec plaisir accepté de discuter du projet de fermeture de Rivoli. Les VTC n’ont pas été consultés concernant leur interdiction d’accès à de la rue de Rivoli.
Enfin et contrairement à ce que Anne Hidalgo explique, ce n’est pas pour le motif de « service public » que la mairie de Paris a interdit aux VTC l’accès à la rue de Rivoli, mais pour des raisons de pollution (cf paragraphe sur l’écologie).
Je défends vraiment les taxis parisiens qui ont été au moment où les VTC sont apparus très concurrencés par les VTC, donc la concurrence elle joue dans les deux sens.
Il est bon de rappeler que les VTC sont apparus en 2011 à une époque où les 18.000 taxis parisiens ne brillaient ni par leur disponibilité ni par leur qualité de service. Depuis, plus de 20.000 emplois VTC ont été créés en Île de France pour répondre aux besoins de mobilité des franciliens et des touristes.
Anne Hidalgo prend le parti de défendre les taxis contre les VTC. Comment le politique peut prendre parti en faveur d’un métier plutôt qu’un autre ? Ce n’est pas son rôle et c’est injuste. La mairie de Parie crée en effet une rupture d’égalité entre taxis et VTC en favorisant et plus encore en prenant la défense de l’un contre l’autre. Il n’est pas question d’opposer taxis et VTC. Il est temps de dépasser ce clivage taxi / VTC d’une autre époque pour réconcilier ces deux corporations.
La mairie de Paris doit montrer l’exemple dans ses décisions ! En effet, ces deux métiers doivent au contraire travailler main dans la main dans leur seule mission commune de transport public de personnes. L’avis d’Anne Hidalgo ne doit pas prévaloir sur l’intérêt général des franciliens, des parisiens et des touristes…
Je pense qu’il faut vraiment privilégier les taxis parce qu’ils font partie du service public de transport et d’ailleurs puisqu’il y a eu un recours des VTC contre l’arrêté concernant la rue de Rivoli. Ils ont perdu devant la justice, donc c’est aussi tout à fait fondé en droit.
Anne Hidalgo ment tout simplement : l’affaire doit encore être jugée au fond. Comment Anne Hidalgo peut se prévaloir d’une décision de justice sur le fond qui n’a pas été rendue ? C’est complètement invraisemblable et extrêmement grave, Anne Hidalgo ou la mairie de Paris n’a pas vocation à se substituer au tribunal administratif de Paris.
En revanche là où je suis évidemment partante pour discuter avec les VTC, c’est qu’il faut transformer ce parc de véhicules. On ne peut pas continuer, on va avoir de toute façon une interdiction de rouler avec des véhicules diesel.
Cela fait très longtemps que les VTC demandent de pouvoir rouler avec des moteurs moins puissants, la législation imposant une puissance nette du moteur supérieure ou égale à 84 kW, soit 114 chevaux.
Pourquoi Anne Hidalgo et la mairie de Paris n’ont pas soutenu les VTC quand ils ont demandé de pouvoir rouler avec des moteurs moins puissants ?
D’abord il faut aussi que les chauffeurs de taxis puissent vivre, ils paient très très cher leur plaque et leur possibilité de pouvoir exercer. Ils se forment, ils ont une formation. On est quand même dans une profession qui nécessite un certain nombre de prescriptions avant de pouvoir l’exercer. […] Il faut c’est que chacun puisse vivre de son métier. Et un métier comme celui de taxi, suppose que le chauffeur de taxi achète débourse une somme très importe pour pouvoir exercer ce métier.
Il est bon de rappeler des notions basiques d’économie et d’entreprenariat : Il existe la même différence entre une licence de taxi et une licence de VTC, qu’avec un magasin dans la rue et un showroom situé à l’étage d’un immeuble.
Les taxis et les magasins paie l’accès à une clientèle direct via l’achat de leur licence ou de leur fond de commerce : le taxi peut charger un client en maraude dans la rue de la même manière qu’un magasin attire les passants.
Pour les showrooms et les VTC c’est différent : ils n’ont pas accès à une clientèle directement, ils doivent engager des investissements marketing et commerciaux afin de démarcher leur clientèle. Aucun client ne monte dans le showroom sans action marketing et commercial. C’est exactement pareil pour le VTC qui ne peut pas charger un client sans réservation préalable et donc sans avoir démarché le client au préalable.
Dans un cas, on paie pour une clientèle immédiate (taxis et magasins), dans l’autre cas on engage des investissements marketing et commerciaux pour trouver des clients (VTC et showrooms).
Est-ce que Anne Hidalgo est pour les magasins et contre les showrooms ? Non, et elle a raison. Le raisonnement doit être le même entre les taxis et les VTC.
Il faut que ces professions là arrive à vivre de leur métier, une partie des VTC vient quand même de ce phénomène l’ubérisation qui n’a pas produit que des choses positives.
Le VTC a créé un emploi sur quatre en Ile de France en 2016, principalement dans des départements sévèrement touchés par le chômage de masse.
La filière VTC est à l’origine d’une création d’emploi sur quatre et de 6% de la croissance du PIB au premier semestre 2016 en Ile de France. Il faut croire que la tribune de l’économiste Nicolas Colin est toujours tristement d’actualité : VTC : quand la loi entrave « la création de nombreux emplois ».
Le taxi a subis une formation là aussi souvent qu’il s’est payé lui même pour connaître les rues.
C’est une méconnaissance profonde des conditions d’accès des métiers liés au transport public de personnes : l’examen des VTC est désormais basé sur le principe d’un tronc commun entre taxi et VTC.
L’accès au métier de chauffeur VTC a été actualisé en 2017 par le Décret n° 2017-483 du 6 avril 2017 relatif aux activités de transport public particulier de personnes et actualisant diverses dispositions du code des transports.
Donc on a à faire d’un côté à une profession qui est réglementé et qui est organisé qui s’est beaucoup beaucoup modifiée et modernisée puisque qu’il y a eu un moment effectivement où les chauffeurs de taxis avait aussi besoin de changer et d’évoluer.
Le VTC est également une profession réglementée depuis le 1er janvier 2010. Cela s’est traduit par la modification de quelques paragraphes dans l’épais Code du Tourisme, la législation des voitures de grande remise a été « modernisée » en prenant le nom de « voiture de tourisme avec chauffeur ou VTC ». Cette réforme est entrée en vigueur le 1er janvier 2010 conformément à l’article 20 du décret de décembre 2009 portant application de la loi de développement et de modernisation des services touristiques.
les taxis sont entrés pour beaucoup d’entre eux dans cette rénovation thermique de leur véhicule. […] On a une flotte de taxis qui fonctionne à l’hydrogène, on en a beaucoup qui sont déjà en hybride et un certains nombres qui passent à l’électrique.
[…] Il faut déjà que tout le monde passe vers des véhicules déjà moins polluants que les véhicules thermiques, c’est valable aussi pour les VTC. Mais je crois qu’il faut être aussi raisonnable et honnête et lucide.
Il est tout d’abord bon de rappeler que les véhicules à hydrogène émettent autant de CO2 avec 100g/km qu’un moteur diesel.
Ensuite les VTC sont aussi passés à l’électrique et à l’hybride, tout comme les taxis, en témoignent les offres green ou écologiques des acteurs. Enfin en 2019, l’Ile de France enregistre 14,8 millions de déplacements quotidiens en voiture particulière dont 4,3 millions en petite couronne. Avec 20 000 VTC effectuant une dizaine de courses par jour, les VTC ne représentent que 1% des trajets effectués en Ile de France ou moins de 5% en petite couronne…
Les embouteillages et la pollution sont ainsi bien dus aux voitures individuelles. Les taxis et les VTC sont ainsi des alliés dans l’abandon de la voiture individuelle pour une ville plus propre.
Ces résultats sont issus de la nouvelle enquête globale transport de l’Ile de France mobilité.
Il y a pas non plus place pour un marché dans lequel chacun pourrait vivre dignement de son travail, C’est cet élément là qu’il faut regarder. Je crois qu’il faut être lucide et qu’il faut discuter. Mais je ne ferai pas de la démagogie
Anne Hidalgo montre une volonté de supprimer à terme les 20.000 emplois de chauffeurs VTC en Ile de France, en expulsant les VTC du centre de Paris. Le plus grand plan social de la décennie est en route, Anne Hidalgo menace directement 20.000 emplois de chauffeur VTC.
La commission européenne estime que les services de transports à la demande tels que les taxis et les VTC (ride-hailing) représentent des options de mobilité sûres face aux COVID-19 et des alternatives à la voiture individuelle. Plus concrètement, elle recommande à ces services de maintenir leurs opérations.